MAHA 2019 : les cinq choses à retenir sur la santé financière des hôpitaux

Depuis 25 ans maintenant, Belfius réalise l’étude MAHA (Model for Automatic Hospital Analyses) afin d’analyser la santé économique des hôpitaux belges. Qu’ils soient privés ou publics, les hôpitaux ont tous participé à l’enquête. Basée sur les chiffres de l’année 2018, elle offre un large aperçu de la situation du secteur. Amélie Goossens, conseiller économique de santhea, nous décrypte les résultats de l’étude concernant les hôpitaux généraux et académiques.  

Avant toute chose, il est utile de présenter la grande nouveauté de cette année : l’approche par réseau. Pour ce faire, Belfius s’est basé sur les déclarations d’intention de mise en réseau des hôpitaux, sans pour autant en préciser leur composition. Il faut cependant nuancer cette démarche car les chiffres fournis par réseau représentent simplement la somme des chiffres des hôpitaux le composant. « L’addition des chiffres individuels ne tient pas compte des synergies, des réorganisations et des économies d’échelle que les réseaux pourront le cas échéant occasionner » explique Amélie Goossens.

Le budget des soins de santé est sous pression

Les chiffres d’Eurostat nous révèlent que le budget de soins de santé représente 10% du PIB en Belgique. Cela correspond à la moyenne européenne (9,9%), mais cela n’a pas augmenté entre 2011 et 2016, contrairement à nos voisins français et allemands, par exemple. Par ailleurs, nous apprenons que le taux de croissance annuel du budget des soins de santé a fortement diminué depuis 2000, notamment à cause de la norme de croissance (la limitation du budget) abaissée de 3 à 1,5% sous la dernière législature. « La norme de croissance réduite à 1,5% ajoute une pression sur les hôpitaux, elle ne suffit pas pour faire face aux défis actuels et à venir. Notamment, lorsqu’on observe l’impact du vieillissement mis en évidence par Belfius », souligne Amélie Goossens. En effet, le coefficient de vieillissement (rapport entre la population de 67 ans et plus et la population de moins de 18 ans) sera supérieur à l’unité à l’horizon 2032 (sauf en région bruxelloise).

L’intensification des soins s’accentue

Plusieurs graphiques illustrent que, depuis plusieurs années le nombre d’admissions augmente (malgré une légère baisse en 2017) tandis que le nombre de journées « réalisées » diminue. Par conséquent, la durée de séjour moyenne diminue pour atteindre le chiffre de 5,47 jours en 2018. Au niveau européen, l’évolution de la durée de séjour dans les hôpitaux belges est comparable à la moyenne. « Nous sommes donc face à une intensification des soins, ce qui implique une pression croissante sur le personnel soignant » observe Amélie Goossens. Une étude du KCE confirme ce fait en révélant qu’en Belgique la moyenne est de 10,7 patients par infirmière alors qu’elle n’est que de 9 au niveau européen.

La transition vers l’hospitalisation de jour se fait doucement

Les données relatives au « virage ambulatoire » montrent que celui-ci n’est pas encore vraiment entamé. On constate notamment que le nombre de journées en hospitalisation de jour chirurgical a diminué entre 2016 et 2018. « Ceci s’explique par le fait qu’en Belgique, il existe des freins notamment financiers, tels que le coefficient réducteur de 0,81 journées attribuées pour une hospitalisation chirurgicale de jour et la non mise à jour des listes de prestations rétribuées en hôpital de jour », détaille Amélie Goossens. En pourcentage du nombre total d’admissions, Belfius estime le poids total de l’ambulatoire à environ 57% en Wallonie et à Bruxelles et à 61,5% en Flandre.

L’équilibre financier du secteur reste fragile

On constate une légère hausse de résultat d’exploitation par rapport à l’année 2017 mais qui reste tout de même à un niveau très faible : 0,6% du chiffre d’affaires, soit 230 millions d’euros. « Etant donné les économies imposées en 2017, il est évident que les hôpitaux ont pris des mesures et se sont adaptés, c’est ce qui explique la légère hausse constatée » rajoute Amélie Goossens.

Le résultat courant dégagé par le secteur n’est quant à lui égal qu’à 0,2% du chiffre d’affaires. « Cela signifie que la moindre perturbation des revenus peut avoir des conséquences catastrophiques dans le secteur. » commente d’ailleurs Belfius. Pour cet indicateur on note toutefois une amélioration de la situation en région wallonne par rapport à 2017 et une détérioration de la situation en région bruxelloise. Au total 1/3 des hôpitaux généraux du pays affiche encore un résultat courant négatif. En termes de réseau, la proportion passe à 1/5, sachant que ceux-ci englobent les hôpitaux académiques qui font un meilleur résultat (1,2% du chiffre d’affaires).

Le nombre d’institutions avec un cash flow insuffisant pour respecter leurs engagements à court terme est passé de 25 en 2017 à 20 en 2018. Avec cependant une institution supplémentaire présentant un cash flow négatif (deux en 2018 contre une en 2017). Cette amélioration serait due au versement unique des montants de rattrapage en 2018. Cela signifie que cette tendance ne se confirmera pas nécessairement en 2019. 

La dynamique d’investissement est amorcée

Les investissements dans leur globalité ont diminué de 19% entre 2017 et 2018. Mais il s’agit probablement d’une phase transitoire avant la mise en place des nouveaux mécanismes régionaux de financement des infrastructures. Rien qu’au niveau wallon, le plan de construction hospitalier prévoit un investissement de 2,3 milliards sur la période 2019-2023. Par contre, l’investissement IT, exprimé en pourcentage de l’investissement brut total, passe de 14,7% à 23,6% en seulement un an.

« Les chiffres peuvent paraitre moins pessimistes que l’an passé, mais la situation reste préoccupante pour beaucoup de nos hôpitaux. Actuellement, ils ne sont pas à même de pouvoir affronter tous les chantiers en cours tels que la mise en réseau, la réforme du financement, la transition vers l’hospitalisation de jour, la digitalisation ou encore la modernisation des infrastructures, sans budgets supplémentaires », conclut Amélie Goossens.

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