Une étude réalisée par le SPF Santé publique en 2010 (1) démontre en effet qu’en moyenne, un quart des résidents en maisons de repos et maison de repos et de soins (MR/MRS) sont dénutris. Plus d’un tiers (38%) présentent un risque de dénutrition et seuls 39% sont dans un bon état nutritionnel.
La dénutrition se caractérise par un apport insuffisant de nutriments ou d’énergie en regard des besoins vitaux de la personne. Elle peut se manifester de différentes façons chez le résident ; le signe le plus évident étant une perte de poids. Un état de dénutrition peut également se manifester par de la fatigue, de l’apathie, des troubles de l’humeur. Conséquences : la force du résident étant moins importante, les risques de chutes sont plus élevés, l’immunité diminue, tout comme l’autonomie. Une alimentation équilibrée est donc primordiale, car elle permet un maintien de la santé et des défenses immunitaires du résident.
De plus, les besoins énergétiques et nutritionnels des aînés ne sont pas exactement les mêmes que ceux des adultes. À partir de 60 ans, le Conseil Supérieur de la Santé recommande ainsi une plus grande consommation de certains minéraux et vitamines, nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme et apportés chaque jour par l’alimentation.
Les sept défis des MR/MRS
Selon le “Plan wallon nutrition, santé et bien-être des aînés”, 60% des résidents en MR/MRS ont besoin d’une intervention nutritionnelle lors des repas (comme couper ou mixer les aliments par exemple) et 36% ont besoin d’aide pour manger (apporter la nourriture à la bouche).
Pour veiller à maintenir une bonne alimentation des résidents, les MR/MRS sont appelées à suivre la Charte Qualité Alimentation-Nutrition de l’AViQ. Le document reprend toute une série de conditions afin d’obtenir le label de qualité proposé :
1) Mettre en place des procédures de dépistage et de suivi de l’état nutritionnel
La Charte Qualité Alimentation-Nutrition exige que le suivi de l’état de santé global des résidents en MR/MRS comprenne une pesée mensuelle. Le poids de chaque résident est suivi sur un graphique.
Pour suivre l’état de nutrition des résidents, le personnel veille ensuite à compléter avec eux ou avec leur famille un questionnaire, le Mini Nutritional Assessment (MNATM), et ce dès leur admission. Le MNATM est également demandé lors d’une perte de poids de plus de 5% en un mois ou une perte de poids de 10% en 6 mois. On peut alors déterminer si le résident est en bonne santé, présente un risque de dénutrition ou est en dénutrition avérée.
2) Collaborer avec un responsable qualité-nutrition
La maison de repos doit collaborer avec un responsable qualité-nutrition en possession d’un diplôme de bachelier en diététique. Ce dernier doit veiller au respect de la charte, à la qualité de l’alimentation, et proposer un rythme de repas adéquat (pas de jeûne de plus de 12h le soir par exemple). Le responsable doit s’assurer du respect des règles d’hygiène alimentaire et planifier des menus et l’achat des aliments et/ou des suppléments nutritionnels éventuels. Le diététicien collabore avec le médecin traitant, le médecin coordinateur et l’équipe soignante qui encadrent le résident.
3) Mettre en place d’un comité de liaison alimentation et nutrition
Ce comité est constitué de professionnels impliqués dans l’alimentation des résidents : cuisinier, diététicien, personnel soignant, médecin, etc. Son objectif est d’articuler l’aspect gastronomique et la qualité nutritionnelle des repas.
4) Créer un environnement agréable et une atmosphère favorable lors des repas
En maison de repos, il est important que le moment du repas soit accompagné et encadré afin de permettre à tous les résidents de manger à leur rythme. Il est donc crucial de prévoir assez de personnel pour ces moments de la journée.
Afin de respecter la charte, la maison de repos doit disposer d’un matériel approprié pour aider les aînés à manger (comme par exemple, des verres et couverts adaptés pour les résidents Parkinson ou encore du matériel incassable).
Le goût et l’odorat s’émoussant avec l’âge, le plan recommande de stimuler la prise alimentaire du résident en lui proposant de prendre les repas dans la salle commune, plus conviviale qu’en chambre. En veillant à bien assaisonner et relever les plats proposés, qui doivent être variés. Les textures doivent être adaptées si l’aîné rencontre des problèmes de santé comme des soucis de déglutition par exemple.
Pour stimuler leur appétit, il est conseillé d’organiser des repas spéciaux et conviviaux comme des repas de fêtes ou des repas avec la famille.
5) Garantir l’accès à une alimentation saine et équilibrée
La cuisine est une source importante de bien-être pour les résidents en maison de repos. C’est pourquoi celle-ci doit être la plus diversifiée possible. La charte impose ainsi un minimum de deux à trois repas différents proposés au menu à chaque repas. Le même menu ne peut non plus être proposé deux fois dans la même semaine. Les alternatives proposées aux résidents doivent avoir la même qualité nutritionnelle que le plat de base. Ces menus doivent bien sûr être validés par le diététicien et le cuisiner de l’établissement.
6) Former le personnel
Le cuisinier de la maison de repos doit être un professionnel formé à cet effet. L’ensemble du personnel doit également suivre une formation continue sur la dénutrition des personnes âgées.
7) Proposer un support d’information entre l’hôpital, la maison de repos et le secteur des soins à domicile pour un meilleur suivi nutritionnel
Une feuille de liaison nutritionnelle doit accompagner le résident lors de son transfert vers un hôpital ou une autre institution. Ce document permet de faire circuler les informations nécessaires à la prise en charge de la personne. Il doit être systématique.
Vous travaillez dans une maison de repos et vous souhaitez en savoir plus ? Rendez-vous sur le site de l’AViQ où vous retrouverez un ensemble de fiches explicatives et d’outils destinés au personnel de votre institution : https://www.aviq.be/fr/sensibilisation-et-promotion/promotion-de-la-sante/nutrition-sante-et-bien-etre-aines
(1) : Defl oor, T., Geurden, B., Bocquaert, I., Clays, E., Dardenne, O., de Bonhomme, A., De Ryke, H., Vanderwee, K., Van Herk, K., Verhaeghe, S. & Gobert, M. (2010). Dépistage et évaluation de l’état nutritionnel des résidents des MRPA-MRS. Service Public Fédéral, Santé Publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement.