Selon ce rapport, il y aurait, tous les ans aux États-Unis, entre 44.000 et 98.000 décès causés par des évènements indésirables. Un évènement indésirable est défini comme un événement inattendu et indésirable directement associé aux soins ou aux services dont bénéficie le patient. L’incident se produit durant la prestation des services de soins de santé. L’événement indésirable est un résultat non désiré, une blessure ou une complication chez le patient.
Quelques années plus tard, des analyses similaires sont réalisées dans d’autres pays, comme l’Angleterre, le Canada, la France et l’Australie. Le constat est le même : les évènements indésirables associés aux soins sont fréquents et représentent une atteinte grave pour les patients, avec environ 10 à 15% des patients victimes d’un évènement indésirable. Par ailleurs, les défaillances en termes de sécurité ne sont pas sans effet sur les dépenses en santé, qui se chiffrent, selon l’OCDE, à 15%.
Le domaine de la sécurité des patients émerge et devient un pilier central d’un certain nombre de politiques de santé à l’échelle mondiale et commence à être intégrée et institutionnalisée au sein des organisations de santé. La question de la sécurité est portée par des instances gouvernementales dans certains pays (ex. AHRQ aux États-Unis, l’agence National Patient Safety Agency en Angleterre ou l’Australian Commission on Safety and Quality in Health Care en Australie) afin d’identifier les problèmes liés à la sécurité des patients et développer des initiatives pour l’améliorer. La sécurité des patients est également intégrée dans les objectifs des organisations de promotion de la santé et dans les organismes d’accréditation.
Depuis 2002, l’OMS développe des programmes permettant aux pays développés et en développement de faire avancer la notion de risques associés aux soins et de sécurité des patients. En 2019, elle instaure la Journée Mondiale de la Sécurité des patients afin de sensibiliser et renforcer la participation du grand public à l’amélioration de la sécurité des patients. D’autres organisations internationales – l’OCDE, la Commission européenne, le Conseil de l’Europe – se sentent également concernées et créent, par la suite, des programmes et des recommandations afin de promouvoir la sécurité des patients.
Et chez nous
En Belgique, les premières actions systémiques en la matière vont être initiées par le SPF Santé publique avec le lancement des contrats Patient Safety en 2007, mécanisme incitatif qui proposait aux hôpitaux un (petit) financement en échange de l’engagement à mettre en place une série d’actions pour améliorer la sécurité des patients.
En Flandre, les choses vont s’accélérer dès 2009 avec la généralisation de l’accréditation (démarche certifiante dont l’objectif est l’amélioration continue de la sécurité des patients) et le développement (et la publication) d’indicateurs qualité dont certains sont axés sur la sécurité des patients.
À Bruxelles et en Wallonie, le démarrage sera plus lent. Dès 2010, santhea et Solidaris concluent un partenariat en vue d’aider les hôpitaux à répondre aux exigences des contrats Patients Safety. Deux ans plus tard, l’idée de mettre sur pied une structure destinée à soutenir l’amélioration de la qualité et pilotée par les acteurs du secteur eux-mêmes est lancée par santhea.
De nombreuses parties prenantes répondront positivement à cette invitation et c’est ainsi qu’en 2014 la PAQS est créée en vue d’informer et de sensibiliser les hôpitaux à l’accréditation, et déployer de nombreuses activités (formations, ressources, échanges de pratiques, travail collaboratif) pour améliorer la sécurité des patients. En dix ans, le secteur a avancé significativement sur la question. La majorité des hôpitaux est accrédité, et les hôpitaux bruxellois et wallons sont maintenant en demande de travailler autour d’indicateurs qualité pour objectiver la situation et piloter les actions à mener.
Et demain
La sécurité des patients s'est améliorée au fil du temps grâce à une prise de conscience globale et à l'adoption d'une approche systémique, en se focalisant non sur plus l’erreur individuelle mais plutôt sur une vision partagée de la culture de sécurité.
Dans beaucoup de pays, y compris en Belgique, cela s’est traduit par un développement de compétences en la matière par les professionnels et en la mise en œuvre d’outils et de méthodologie efficaces.
Mais le chemin est encore long. Améliorer durablement la sécurité des patients nécessitera de pérenniser les démarches en cours mais aussi de continuer à investir dans le personnel, les compétences, les outils et le soutien indispensable à rendre nos systèmes de santé les plus fiables possibles.