L’étude MAHA Belfius 2019 a révélé que les hôpitaux belges figurent parmi les bons élèves en termes de services de santé numérique. Ils ont d’ores et déjà trouvé diverses solutions pour faire face à ce défi de taille qu’est la digitalisation. Les hôpitaux ont réellement amorcé leur virage numérique mais chacun à son rythme et à son échelle.
La technologie se révèle être un redoutable allié pour le personnel médical et soignant, surtout lorsque la discipline requiert une grande précision. C’est pourquoi, l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola (HUDERF) s’est récemment doté d’un nouveau quartier opératoire ultra connecté, afin d’optimiser la prise en charge des enfants nécessitant des chirurgies parfois très pointues. Equipé des dernières technologies, cet espace abrite, entre autres, une salle « hybride » alliant salle d’opération classique et système de radiologie innovant. « Elle permet de pratiquer des interventions complexes tout en assurant une collaboration optimale entre chirurgiens de différentes spécialités, comme dans le cas d’opérations de la rate, dans le traitement de la drépanocytose en chirurgie viscérale ou le traitement d’atrésie pulmonaire en chirurgie cardiaque. Cette salle permet également de réaliser de nouveaux clichés parfois nécessaires durant l’opération » explique l’hôpital dans un communiqué de presse. Chaque salle est également équipée d’écrans ultra haute définition 4K et d’un système de retransmission performant et sécurisé permettant d’augmenter considérablement le confort et les performances des équipes soignantes. Avant cela, l'Hôpital Civil Marie Curie avait déjà digitalisé certains de ses blocs opératoires, en poursuivant les mêmes objectifs que ceux de l’HUDERF : toujours plus d’efficacité et de qualité au profit du patient.
Au-delà de répondre aux besoins croissants de performance des hôpitaux, le numérique peut également résoudre certaines problématiques d’envergure transnationale comme celle de l’accessibilité aux soins de santé par exemple. Ainsi, la technologie peut se révéler particulièrement efficace lorsqu’il s’agit de faire sortir l’hôpital de ses murs, comme le Centre de Santé des Fagnes (CSF) a décidé de le faire, en collaboration avec d’autres institutions de soins de santé. Appelé « HIS2R » (Health in Smart Rurality) et s’inscrivant dans le programme européen de coopération transfrontalière Interreg France-Wallonie-Vlaanderen, ce projet vise à « optimiser la coordination des soins transfrontaliers des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque et de maladies respiratoires chroniques en zone rurale ». Prochainement, 50 patients vont donc se voir attribuer une tablette numérique dotée d’une application permettant de surveiller leurs paramètres médicaux à distance. En plus de cela, une infirmière coordonnera l’expérience et se devra d’évaluer les besoins des patients. Si cela s’avère utile, elle planifiera les soins de ceux-ci auprès des services adéquats.
Utiles et ludiques, les applications ont également investi d’autres hôpitaux. L’Hôpital Erasme, par exemple, utilise « Mandometer » pour accompagner les adolescents souffrant d’anorexie mentale, le Centre Hospitalier Universitaire Ambroise Paré, quant à lui, a créé « MyHap », une plateforme e-santé permettant à ses patients de gérer leurs rendez-vous ou encore d’estimer le temps d’attente aux urgences et enfin, le CHU de Liège a adopté « Andaman7 » une application permettant à ses patients d’accéder à leur dossier médical depuis leur smartphone ou leur tablette.
Cependant, les hôpitaux ont parfois besoin d’un coup de pouce pour entreprendre ces nouveaux chantiers et n’hésitent donc pas à s’entourer de professionnels du monde digital. C’est ainsi que cette année, la société Digital Attraxion a dédié son programme « MoveUp » à la transformation digitale du « health & care ». Etendu sur plusieurs mois, il est destiné à rapprocher les hôpitaux rencontrant des besoins non assouvis par le marché actuel et les start-up offrant des services adéquats. Actuellement, le Centre Hospitalier de Wallonie Picarde et le Centre Hospitalier Epicura ont intégré la démarche et poursuivront le programme si les start-up sélectionnées sont aptes à répondre à leurs demandes.
Pour finir, l’Etat fédéral incite également les hôpitaux à entamer leur processus de digitalisation. Ainsi depuis plusieurs mois, les hôpitaux adoptent petit à petit le « Dossier Patient Informatisé » (DPI). Cet outil numérique compile les volets médicaux, paramédicaux, administratifs et infirmiers relatifs aux patients et les rend accessibles sur un portail unique. Concrètement, le DPI permet une meilleure gestion des dossiers en interne ainsi qu’une meilleure communication avec les collaborateurs externes, tout en donnant un compte rendu précis du parcours médical du patient. Ainsi les prescriptions médicales, les examens réalisés ou encore les allergies, par exemple, sont facilement accessibles et transmissibles au personnel soignant. Au-delà d’une réduction drastique des tonnes de papiers qui encombraient autrefois les armoires des cabinets médicaux, le DPI tend à réduire les risques d’erreur et à faciliter l’analyse des pathologies et l’efficacité des traitements.
Bien que la digitalisation s’avère être un projet de longue haleine, les hôpitaux ont décidé de relever le défi. Aujourd’hui, de nombreuses avancées ont été accomplies et la révolution de l’e-santé semble bel et bien en marche.